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Interview du Dr Luigi L. Polla par Laurence Gemperle journaliste pour la RTS

Docteur Polla, vous avez ouvert votre institut en 1997, à l’époque c’était très précurseur, le premier centre de médecine esthétique en Suisse !

C’est exact. Je désirais créer un centre de soins à visées esthétiques, séparé de mon cabinet de dermatologie tout en étant encadré par une équipe de médecins pour garantir l’excellence et l’intégrité médicale. 

Il y a 20 ans, la médecine esthétique et la toxine botulique n’avaient pas du tout la même image qu’aujourd’hui ? 

Exacte et pour deux raisons en tout cas. Elle se nommait « toxine » et l’approche américaine illustrée via les magazines et le cinéma montrait des visages figés et peu attrayants pour nous autres européens.

Il y avait beaucoup plus d’appréhension vis-à-vis de la toxine botulique ?

Il y a 20 ans, on vivait les prémisses de la médecine esthétique, et certains produits n’étaient pas « safe » … Les médias n’en parlaient pas sans parler des fillers (produits de comblement) et vice et versa. Il y a eu amalgame. Le public a attribué tous les excès et les effets secondaires des fillers à la toxine botulique, d’où une appréhension. Depuis, l’expérience des médecins esthétiques a largement évolué, tout comme la réglementation et les produits sont de meilleure qualité ! 

J’ai un peu l’impression qu’on est passé de la diabolisation à la banalisation ? 

La Toxine Botulique n’a jamais été banalisé par les médecins. Il a été mieux compris par le public et les médias ; et avec le temps les médecins l’ont utilisé avec plus de subtilité.

Alors plus une démocratisation ? 

Parlons plutôt de vulgarisation. Les magazines féminins en parlent depuis longtemps et en ont fait un sujet de société, il est donc normal qu’une majorité rêve de s’offrir ce type de soins. Dans les années 90 nous étions peu de médecins à pratiquer la médecine esthétique ; aujourd’hui les prestataires sont très nombreux.

Quelles sont pour vous les grandes étapes de cette révolution de la médecine esthétique ?               

Les premiers produits de comblement et les lasers ont caractérisé les années 80. Puis la toxine botulique et l’acide hyaluronique ont réellement révolutionné notre industrie dans les années 90. Aujourd’hui on assiste à un engouement pour la médecine esthétique. Et du côté asiatique on commence à introduire l’intelligence artificielle dans les technologies laser. 

En même temps que cela s’est démocratisé, les demandes aussi ont changé ? 

Oui, on est passé du « transformisme » des années 80 au « jeunisme » des années 90, à une approche plus subtile du « mieux-vieillir ». Aujourd’hui, on veut préserver son capital beauté !  

Avant il ne fallait pas que ça se voie et aujourd’hui j’ai l’impression que c’est le contraire ?  

Certaines personnes souhaitent que cela se voie, mais la majorité préfère largement rester dans le naturel ! C’est aussi le rôle du médecin de respecter la morphologie et les traits naturels de la personne. 

Les jeunes veulent que ça se voie ? 

L’essentiel de la clientèle reste des femmes de 40 ans et plus, qui souhaitent conserver ou préserver leur beauté naturelle. Les jeunes sont soit dans une approche de prévention dont ils comprennent l’importance, soit dans l’envie de partager – et donc dans le « sensationnel ».

Y-a-t-il aujourd’hui chez les jeunes une volonté de se transformer pour ressembler notamment à des modèles de beauté ? Trouver sa propre identité en s’inspirant des modèles de sa génération ? 

La génération des 20 ans vit un bouleversement sociétal majeur sans possibilité de référence ou de modèles à suivre. Ils ne se réfèrent ni à leurs parents ni même aux milléniaux ; leur recherche identitaire s’adresse à des modèles de leur âge aidés en ceci par les réseaux sociaux. Il s’est passé la même chose avec les tatouages et la précédente génération.

Dr Luigi L. Polla

Dermatologue fondateur de Forever Institut

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